Magie dans l’air et miracle dans l’art. A l’occasion du concert de Noël donné à Saint-Pierre-du-Martoi d’Orléans , orchestre choeur et solistes suscitent les rappels.
Grande oeuvre et magistrale interprétation. D’une intensité à couper le souffle du public et à lui faire renoncer à ses applaudissements tant l’occasion se présenterait de saluer, au fil de ce long concert d’un seul tenant, les solistes autant vocaux qu’instrumentistes. Nul n’osera cependant briser l’inspiration, le charme et le sacré. A n’en pas douter, ce samedi, en l’église Saint-Pierre du Martroi, dont l’acoustique admirable a été apprivoisée au fil des répétitions, il y a de la magie dans l’air, voire du miracle dans l’art.
Marius Stieghorst et l’Orchestre d’Orléans.
Impossible de ne pas saluer la haute et fascinante comme souriante présence de la soprano Frédérique Varda, la délicatesse toute en tendresse chatoyante de la mezzo soprano Claire Peron, la jolie lumière de la voix de Corentin Backès, le puissant comme infaillible et solide engagement de Romain Champion, autre ténor qui s’engage dans des dialogues avec l’orchestre de toute beauté. Remarquable est son duo avec Christine Asso au cor anglais, artiste dont on mesure une fois encore l’assurance d’une musicalité où la technique sans faille le dispute à la sensibilité des plus vives.
Impossible encore de ne pas succomber, non plus, à ce charme colossal et limpide de François Lis, si talentueuse basse, artiste faisant montre d’un bonheur radieux de se retrouver au coeur de l’orchestre et d’échanger un peu de belle âme avec ce magnifique clarinettiste qu’est François Gillardot, tout en écoute et tout en chant. Cette très grande classe qui nous comble est du reste saluée avec humilité par le chanteur. Avouons-le, le climat musical que tous les deux font naître dans une église comble n’est qu’un simple moment de bonheur.
Un opéra d’émotion
Un opéra d’émotions que l’on doit aussi au choeur, à l’Orchestre, et au souffle du chef.
Frédérique Varda et Claire Peron,
Mais bien entendu, ces précieux et célestes cristaux qui scintillent dans la nuit d’un concert de Noël ne sont pas les seuls atours du concert. En effet, cette « Messa di Gloria » de Rossini puise aussi toute sa beauté dans ce choeur préparé par Elisabeth Renault. Kyrie, Qui tollis peccata mundi; Cum sancto spiritu lui permettent de donner toute sa mesure avec puissance, intériorité, étranges jeu d’ondes subtilement mêlées. C’est éloquent, mystérieux et spatial. Quant à l’orchestre, les cordes sont d’une musicalité et d’une précision limpide , la note vibre sous l’archet à fleur de sens, et le pizzicato d’ensemble, défit technique, est d’une précision sonore émouvante. Côté petite harmonie, ravissement. Côté cuivres, le timbre des instruments naturels enchante sans faille l’ensemble. Impeccable percussion.
Des rappels amplement mérités.
Et puis voilà à quoi tout cela tient. A Marius Stieghorst. A ce ce chef vers lequel se tournent sans cesse les musiciens tout ouïe dans les répétitions et tout regard dans le concert. A l’évidence, Marius Stieghorst, invité par Jean-Jacques Kantorow, directeur artistique et chef titulaire de cet orchestre, aime cet ensemble dans lequel il se fond lui aussi pour communiquer, avec ferveur, fièvre et passion, précision, toute l’âme d’une juste interprétation partagée. Passionnant est cet orchestre qui n’en finit pas d’embellir.
Jean-Dominique Burtin.
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